jeudi 30 octobre 2008

Épisode 18 Auberge chez Marie, généralement vide.

Information : dans les villages nordiques, la disponibilité des logements est fort limitée. Rien à voir avec « la pénurie » de logements que l’on connaît à Montréal. Construire ici, avec le transport de matériaux et la main d’oeuvre, c’est beaucoup, beaucoup d’argent! L’offre de location est limitée au strict minimum, gérée presque exclusivement par les conseils autochtones locaux. Chez les Inuit, on parle de familles entières, souvent plusieurs générations de familles, dans des maisons, des maisons sans sous-sols (on se souviendra de la chronique où je jasais de fondations!). Dans ces circonstances, la commission scolaire n’est pas responsable d’un parc immobilier à tout casser non plus. On rationalise l’utilisation des habitations, et c’est tout à fait normal!

Rappelons les faits : quand je suis arrivée à Quataq, le 15 août, j’avais une coloc et il restait un dernier logement libre pour un prof encore à embaucher. 72 heures plus tard, on a réaménagé les tâches de manière à fonctionner avec un homme en moins à l’école. Aussitôt, ma coloc a demandé d’emménager dans le logement rendu vacant. Je restais donc seule locataire de la grande maison (1200pieds carrés, 2 grandes chambres à coucher) en attendant l’embauche d’un prof supplémentaire prévu pour janvier (une collègue sera alors en congé de maternité). Cette nouvelle personne sera mon coloc par défaut.

Tout un pari : je ne sais pas avec qui j’habiterai en janvier… mais d’ici là je suis seule locataire de d'une grande maison meublée! OK, j’ai un canapé qui gagnerait à être rembourré, une fenêtre cassée, et une pompe à eau archi bruyante, mais, dans l’univers nordique, une maison toute seule, c’est un luxe sans nom!

Depuis le début de l’année scolaire, à une quelques secondes d’exception près, je barre ma porte le vendredi soir et je ne la débarre que le lundi matin pour retourner au travail.

Toute seule, toute seule, toute seule… Et j’apprécie!

J’apprécie parce que c’est spécial, jamais je n’ai passé autant de temps entièrement laissée à moi-même. Danser partout dans la maison. Passer des heures avec un masque de « anit-ride/super-collagène/ça sert à rien/mais ça fait du bien » dans la figure. Faire n’importe quoi dans ma maison plus vide qu’un décor IKEA, sans qu’âme qui vive ne soit au courant, c’est très, très euphorisant!!

J’apprécie aussi parce que je ne m’ennuie pas ici, toute seule : j’ai beaucoup à faire! En plus de ma correspondance abondante, mon vélo d’intérieur sur lequel je lis des magasines de qualité discutable et du métier d’enseignante qui est très envahissant, je suis étudiante à la maîtrise en enseignement de l’UdeS. Je vous imagine froncer les sourcils, chers lecteurs; l’Université de Sherbrooke, c’est loin de la baie d’Ungava! Bien sûr! Mais ledit programme se fait par téléapprentissage. Ça m’occupe, ça me prend du temps, ça remplit mes fins de semaines : parce que je m’applique dans mes études et aussi parce que ma connexion internet est très ente!

J’apprécie parce que je sais que cette situation est temporaire. De retour au Sud, de retour à ma vie habituelle, avec la famille, le conjoint, les amis, le cinéma (le cinéma!), les commerces, la ville quoi… Ne passer que 2 heures toute seule sur le Plateau Mot-Royal relève de l’exploit surréaliste!

Et j’apprécie d’autant ma solitude qu’elle est quelques fois ponctuée de visite. Je reçois un appel, un courriel : une personne s’en vient au village et il ne reste plus de place dans le seul hôtel de Quaqtaq. Un hôtel… c’est vite dit! Une étoile, l’établissement! Quelques lits, une salle de bain commune, une cuisinette pour se faire minimalement à manger. Quand il n’y a plus de place, on me demande de loger des conseillers pédagogiques venus nous rendre visite. Jusqu’à présent, j’ai reçu Nicolas et Pascal (Allo!) et une infirmière de passage… Quelques jours à jouer les aubergistes, à partager ma grande maison, à faire à manger pour deux, à faire en sorte que la chambre d’ami serve, ça me fait plaisir!

Pour l’instant, en fait presque tout le temps! j’affiche « vacancy ». Si vous passez dans le coin, n’oubliez pas de réserver la seule chambre disponible à l’Auberge chez Marie. Ça ne se compare pas aux complexes hôteliers de Las Vegas ni aux beaux B&B champêtres de l’Estrie. En fait, c’est pas beaucoup plus chic qu’une chambre d’auberge de jeunesse en Europe de l’Est, mais il y a une vue sur la mer! Pas mal du tout!!

7 commentaires:

Anonyme a dit...

Une vue sur la mer? Et la photo elle est ou? Je vais monter sur le pouce jusqu'à ton auberge pour voir ça. Non mais sans blague Laurie Anderson s'est rendu presque au pôle nord sur le pouce. Elle raconte l'histoire sur "The ugly one with the jewels". Je t'envoie une copie du disque.

Patrice

Anonyme a dit...

Est-ce qu'on peut jouer au Poker chez toi? Ça pourrait me tenter un petit "Texas" au milieu du froid. Content de voir que tu vas bien.

Catherine et Marie Aboumrad a dit...

Pas de problème, cher euh... Anonyme du Poker que je ne suis pas sure t'es qui!!! En fait, je m'étais dit pas de Poker du tout de mon expérience nordique... mais j'ai amené mes chips par erreur dans mes bagages... Lapsus de déménagement faut croire!
Alors c'est pour quand ta visite?? Hihihi!
:)

Patrice, pour la photo : tu sais bien que j'ai essayé d'en prendre une mais pas capable de voir en même temps la chambre et la vue sur la mer... Je vais réessayer quand il va arrêter de neiger parce que présentement, et depuis quelques jours, on ne la voit pas, la mer.

michel vervais a dit...

Pour le Poker, c'est un vieux pote d'AL qui aimerait bien ravoir ses vieux cinq dollars perdus lors des parties du vendredi! Encore une fois, très heureux de voir que tu vas bien. À bientôt.

guarana a dit...

Moi et véro on trouve que t'as un ptit air inuit sur ta photo en robe chambre!!

Joli petit visage rond.. ;)

Catherine et Marie Aboumrad a dit...
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Catherine et Marie Aboumrad a dit...
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