jeudi 16 octobre 2008

Épisode 16 J’enseigne, mais eux apprennent-ils? Partie 1

(C’est un super titre, mais ce n’est pas de moi, c’est le titre d’un livre de Michel Saint-Onge que, bien honnêtement, je n’ai pas encore lu.)

J’enseigne donc.

Oui, j’enseigne tous les jours. Et je trouve ça super comme milieu de travail! L’école Issumaqsaviq est vraiment chouette! On dirait une petite école primaire avec un laboratoire de sciences annexé… Et puis, à bien y penser : C’EST une grosse école primaire, avec 4 locaux de secondaires et un beau laboratoire un peu à l’écart!

Il n’y a qu’une école au village et elle abrite tous les ordres d’enseignement, dans toutes les langues : inkutitut, français et anglais. Il y a un peu moins de cent élèves au primaire et à peine une vingtaine au secondaire, alors c’est souvent l’ambiance des plus petits qui l’emporte!

C’est spécial d’être un prof au secondaire, à triper avec l’énergie des adolescents que j’aime beaucoup, et, en même temps, pouvoir faire le clown avec la marmaille dans les couloirs. C’est aussi particulier de faire des équipes d’élèves pour une activité ou une autre et de mêler des maternelles avec des ados plus grands que moi. Le résultat est super! Tout le monde se connaît: les grands frères s’occupent des petits, des cousins, des amis; les grandes filles maternent les plus jeunes. Je suis très contente de voir mes ados rebelles être responsables des enfants quand on leur demande.

L’école est coquette et excessivement propre. Inimaginable au Sud : les élèves entrent, enlèvent leurs bottes dans l’entrée, les placent sur les étagères (ok… ça, c’est la partie qu’ils font le moins, alors on s’enfarge constamment dans toutes sortes d’affaires!). Quelques-uns échangent leurs bottes pour des souliers d’intérieurs. La majorité passe la journée en pieds de bas. Tout le monde se plie à cette règle d’enlever ses chaussures d’extérieurs parce que, s’il n’y avait qu’un seul qui transportait de la neige par ses semelles dans les couloirs, tous les autres auraient les chaussettes mouillées... Beurch…

Alors, c’est dans ce contexte que je travaille tous les jours. J’arrive dans une école vide à 7 h pour faire ma préparation, les cours commencent à 9 h. Et, à enseigner deux cours de sciences sans TTP (« technicien en travaux pratiques » dans notre jargon), j’ai beaucoup de détails à préparer tous les matins : des circuits électriques à monter pour des démonstrations, des plantes à arroser, des photocopies à faire, des photocopies à faires, des photocopies à faire…

J’enseigne simplement, en suivant scrupuleusement les programmes qui ne me sont pas très connus, soit parce que je n’ai jamais enseigné ladite matière (comme le français), soit parce que le programme est adapté à la réalité nordique (comme le cours d’écologie en secondaire1). De plus, je n’enseigne pas en « contexte de réforme », ce qui est nouveau pour moi (et absolument contraire à tout ce que le merveilleux monde de l’éducation vit présentement au Québec!). Par contre, habituée à mettre mes élèves en « situations authentiques » et en projets, j’ai quelques tours dans mon sac qui font en sorte que les cahiers d’exercices ne servent que de tremplin pour un apprentissage plus concret. Je vous en reparle dans une prochaine chronique (les élèves de Mélissa Bourgeault à l’école André-Laurendeau de St-Hubert en savent déjà quelque chose!)

Comme tout le monde au village, sur l’heure du midi, je rentre manger chez moi! C’est un détail que j’apprécie beaucoup. J’en profite pour lire mes courriels, pour voir si j’ai des commentaires sur mon blogue! Et ça recommence l’après-midi. En tout, 7 périodes de 45 minutes. À changer de discipline à enseigner tous les ¾ d’heures, les journées passent très vite! Ajouté à ça toutes les activités éducatives, physiques et ludiques qu'on organise à la grandeur de l'école, les semaines sont courtes!

On rentre, on sort et on s’enfarge dans les souliers et les bottes. Un jour à la fois: ça fait déjà deux mois que j'enseigne à Quaqtaq.

4 commentaires:

Anonyme a dit...

Ça doit parfois sentir les ptits pieds!C'est vraiment intéressant Marie de te suivre presque au quotidien. WOW déjà deux mois!
Lise P

Pascal D'Asti a dit...

Bonjour Marie!

Je suis un fan de ton blog! J'adore ton humour à travers tes commentaires et nous lisons tes histoires en famille afin de nous rappeler nos débuts dans le nord...Je tiens à te rassurer, tes élèves doivent apprendre beaucoup de toi et de ton enseignement. Le contact entre l'élève et l'enseignante est très important et je suis sûr qu'ils t'adorent!
Tu devrais penser à faire un recueil de tes textes ou même un livre!
Pascal D'Asti
conseiller pédagogique en français au primaire, univers social et arts plastiques, KSB

Elaine B. a dit...

Salut miss

Pour te dire que je me lance dans la confection de tarte aux pommes ce soir.

Je le sais. Presque incroyable.

Catherine et Marie Aboumrad a dit...
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