Pas de drogue donc.
Il faut pourtant l’avouer, si tant de monde en consomme, c’est qu’il y a un certain attrait. L’euphorie promise par beaucoup de substances psychotropes est très alléchante pour un jeune qui broie du noir, pour un adulte qui a un urgent besoin d’évasion ou pour tout autre individu, avec ou sans raison, à la recherche d’expériences physiques intenses.
Il ne suffit pas, un peu comme Oncle Georges, de se borner à dire « Non non, la drogue, c’est pas bon! » La tentation est là, elle existe. Il est donc essentiel, d’après moi, dans les programmes de prévention des toxicomanies, d’offrir des alternatives à la drogue qui soient aussi trippantes.
Et, voilà, j’ai une proposition! Une proposition toute naturelle et relativement simple : il suffit de passer 32 semaines dans le Grand Nord. Puis, en 24 heures, il faut se transformer de Blanche-Neige-de-la-toundra en Cendrillon-du-Bal-en-blanc. Passer de l’isolement total, à fréquenter toujours les mêmes 300 personnes, puis se perdre dans une foule de fêtards de 15 000 jeunes en délire, sur le party. Passer de Quaqtaq au Palais des congrès de Montréal pour un des raves les plus fous en Amérique du Nord.
Wow. Wwwwoooowwww!!!
Ça fait grimper le taux d’adrénaline sanguin à un niveau record, sûrement jugé illicite selon le comité international olympique!
Le cœur bat la chamade. La tête tourne. Impossible de lâcher prise du sourire induit par la proximité de tant de corps et la chaleur des danseurs en folie, d’amis dont on cherche le visage dans la foule et d’autres rencontres fortuites sympathiques.
Le résultat est impressionnant. Le corps humain est une machine trippante!
J’ai dansé, sans broncher, des heures d'affilée. J’ai souri pendant autant de temps. Puis je suis sortie de l’amphithéâtre, je me suis effondrée sur un banc, épuisée. Buzzée : )
Métro Square Victoria, tout à fait à jeun, encore souriante, mais terriblement confuse, je me suis demandée comment j’ai fait pour oublier ainsi le grondement du centre-ville. Comment, en si peu de temps, j’ai pu perdre le souvenir de l’odeur, du goût, du monde, de MA ville qui se réveillait devant mes yeux.
Mais cette ville a plus d’un secret. Si elle est l’hôte du Bal en blanc, elle donne aussi lieu à toutes sortes de voyages beaucoup plus paisibles. Quelques heures plus tard, quelques bouches de métro plus loin, cachée dans une grotte du cinéma Beaubien, j’ai retrouvé par hasard la solitude de la toundra, la beauté de la neige et la sérénité du peuple inuit. Retour inattendu du balancier, tout aussi euphorisant, tout aussi hallucinant.
L’histoire d’un jeune garçon et de sa grand-mère, Inuit, qui ont à survivre seuls, dans le monde nordique, avant l’arrivée de l’homme blanc. Leçon vie, de sagesse et d’anthropologie inuit que je n’ai même pas à Quaqtaq.
En quelques secondes, je suis de retour dans le Nord, le temps d’un film, avec, comme avantage urbain, de pouvoir quitter la salle noire et marcher au son des mille bruits et autres contingences montréalaises qui m’attendent.
Du 10 au 19 avril, je suis en ville. 10 jours de ces montagnes russes inexplicables dans l’âme humaine.
Après ces émotions, qui a encore besoin de drogue?
1 commentaire:
Bonjour Marie,
Excellente proposition que la tienne comme alternative aux drogues légales et illégales. Pour ma part n'ayant pas besoin d'overdose d'adrénaline je vais me contenter d'aller voir le film "Le jour avant le lendemain". Il m'est déjà arrivé de penser "Quel pays béni que celui où les gens se préoccupent de savoir s'il faut autoriser on non le virage à droite sur une lumière rouge." La drogue, qu'elle soit la cause ou l'échappatoire d'une souffrance individuelle, devient très vite une calamité à part entière.
Je renouvelle donc mon appui à ta proposition. Un autre appui et tu pourras demander le vote.
Publier un commentaire