Pas de route.
Le pétrolier ravitaille la station-service de la communauté et la centrale au mazout d’Hydro-Québec. Il passe une fois tous les ans.
Le « Sea lift » est bien efficace. Le bateau part d’un port du St-Laurent pour venir porter cargo personnel, autos, nouvel autobus scolaire, matériaux de construction et beaucoup de caisses de bois remplis de trésors personnels. De la nourriture non périssable. Mais il ne passe lui aussi qu’une fois par année, et livre la marchandise seulement si la température lui permet d’accoster. Faut être organisé. La municipalité, l’école, le magasin général, le service de police, le CLSC et puis les individus qui veulent se prévaloir de ce transporteur doivent s’y prendre d’avance et commander quantité de matériel pour vivre un peu plus d’un an, dans un confort minimum!
On monte ainsi quantité impressionnante de matériel. Mais tout n’arrive pas par bateau…
En fait, la plus grande partie des biens de consommation courante arrivent par avion. Tous les jours des dizaines de boîtes, de la marchandise pour la Coop, de la nourriture fraîche et surgelée commandée des épiceries qui assurent le service aux communautés du Nord, des commandes par catalogue, de la poste. Des paquets-surprises envoyés par Maman! Tout les jours l’avion ouvre sont ventre pour libérer des boîtes et paquets. Le service de livraison est rapide de Dorval.
Ça semble beaucoup de matériel tout ça! Au Nord, comme partout ailleurs, on est en mode de consommation. C’est l’air du temps, facilité par les commandes téléphoniques, les magasins en lignes et l’efficacité des services de livraison.
Mais pas question que ces bateaux et ces avions redescendent au Sud avec des vidanges, ça complexifierait la logistique de gestion du matériel à bord et ça augmenterait substantiellement les frais de déplacement du voyage du retour. Les bateaux montent pleins et redescendent toujours vides. Les avions montent et redescendent avec passagers, de la poste, des commandes par catalogue de vêtements qui ne sont pas de la bonne taille. Pas question d’utiliser du volume de cargo aéroporté pour des rebus.
Évidemment, comme n’importe quelle organisation humaine en situation de ressources limitées, on gaspille le moins possible. On utilise les deux côtés d’une feuille de papier, les vêtements on les raccommode, on les use, on en abuse avant d’en disposer.
Mais quand on dispose ici, on dispose tout simplement. Pas de bac de recyclage pour le pot de confiture ou la boîte de conserve. Pas de gestion des déchets toxiques. Pas de système de recyclage des pièces d’ordinateurs désuètes. On envoie le tout au dépotoir à ciel ouvert, en bordure du village.
La grande partie de ce qui est amené par notre camion-vidange est mise en pile et régulièrement incinérée. De l’autre côté, il y a les articles qui peuvent peut-être être réutilisés. C’est ce qu’on appelle le Canadian Tire, mais ce n’est pas organisé en allées. Faut juste aller fouiller. Préférablement l’été, parce que l’hiver c’est bien évidemment enneigé.
J’habite dans la nature, au beau milieu de nulle part, mais je profite d’un confort (bien modeste aux yeux de certains mais d’un confort quand même). En multipliant cette quantité de matériel disposable par le nombre de boîtes de carton et autres quantités d’emballages pour livrer cette cargaison, et ça fait que dans la belle nature, on se ramasse avec un beau dépotoir.
Scène un peu spéciale.
1 commentaire:
Il n'y a pas si longtemps, quand on recommençait un tronçon d'autoroute on cassait le béton pour le "dumper" au dépotoir. Maintenant on concasse le même béton pour l'utiliser dans la réfection de l'autoroute. Les dépotoirs ont l'avantage de concentrer les rebuts de notre mode de vie. Un jour des industriels à cigares vont installer leur industrie au dépotoir pour séparer toutes ces cochonneries en matières premières. Ce qui est désespérant c'est de voir une industrie diluer la pollution générée par son activité dans la nature et ensuite voir nos bien pensants gouvernements faire des projets grandioses pour dépolluer la nature. Mais même là il y a (un peu) d'espoir. Quand la ville de Montréal a obligé les raffineurs de pointe aux trembles à pièger le souffre qu'ils rejettaient gracieusement dans l'air, ces pollueurs se sont retrouvés avec un nouveau produit à vendre: du souffre!
Publier un commentaire