Comme dans la file en attendant sa place dans un manège monstre de la Ronde, j’étais à la fois super excitée et excessivement terrorisée de vivre la grande noirceur. C’est impressionnant et encore plus difficile que je ne le croyais. C’est physique, le combat contre le sommeil qu’inspire la longue nuit.
Je me lève, il fait noir. Normal, je suis une lève-tôt. Alors pas de problème : j’en profite pour me mettre devant l’ordinateur et pianoter un petit peu. J’attends avant de me mettre en mode de jour.
Je me fais un (premier) café, il fait noir. Encore une fois, ça peut encore passer, tout dépend de l’heure où on fait ledit café… mais quand vient le temps du deuxième, ça serait la moindre des choses de voir quelques rayons à l’horizon. Et bien non!
Je me prépare pour aller enseigner, il fait… et oui, il fait noir! Pas le choix, faut y aller!
J’arrive tôt à l’école, pour profiter du photocopieur surexploité aux autres heures de la journée et je me dois d’allumer toutes les lumières de la salle des profs, de la salle d’informatique et de ma classe malgré ses immenses fenêtres… C’est encore la nuit.
Puis le matin.
Un faible Soleil à l’azimut. Quelquefois affaibli par une masse nuageuse qui cache les précieux rayons du jour. Certains jours, on a carrément l’impression qu.il n’y a pas de Soleil, comme l’après-midi de mes photos.
Puis, re-la-nuit.
Avoir à allumer les lumières de la classe en avant-dernière période parce que le soir tombe, c’est particulier. Rentrer et s’écraser quelques minutes en ayant la nette impression que c’est la nuit, c’est spécial. (Mais ça à le net avantage d’enlever toute culpabilité à avoir le goût de faire une sieste avant souper!)
Je comprends maintenant pourquoi, dans les maisons, il y a tant de plafonniers avec des ampoules hyper puissantes. C’est nécessaire! Certaines personnes ont avec eux des lampes solaires pour tromper leur corps et lui donner de l’énergie lumineuse artificielle. Je n’ai jamais considéré cet investissement. Je n’ai avec moi qu’un tube d’autobronzant qui donne bonne mine tout aussi artificielle à défaut de vitamine D. Les vitamines, j’en ai en pilules, les oméga 3, en gélules. Et malgré tout, c’est difficile.
Les Inuit ont traditionnellement beaucoup plus de sagesse par rapport à la grande noirceur : ils ne combattent pas le sommeil qui les attend. En fait, comme plusieurs peuples au diapason avec la nature, le sommeil est une fonction vitale qui ne doit pas être forcée. Quand on est fatigué, on dort. Quand on a fini de se reposer, on se réveille. Quand il fait trop noir pour chasser, on arrête.
Sauf que quand on continue à élever les enfants dans cet esprit là et que l’école commence à 9 h (aussi bien dire aux aurores!), ça donne quelques fois de drôles de résultats. Ce matin, je pensais écouter un film avec mes élèves, en récompense de leur bon travail des dernières semaines. Entrent en baillant aux corneilles, comme toujours. S’écrasent sur deux pupitres plutôt qu’un seul, comme toujours. En prime, ce matin, deux des trois élèves en classe se sont carrément endormis quand j’ai mis le DVD…Et je ne crois pas que ce soit mon choix de film…
Entre tradition, environnement extrême et obligations des horaires du monde occidental, il y a raison d’être un peu étourdi. Et tout le monde le sait, quand on est dépassé par les évènements, vaut mieux se reposer un peu. Après tout, la nuit porte conseil!
La nuit, il y en a beaucoup ici, en hiver.
***
Je quitte pour Montréal samedi matin pour 2 semaines de congé au « sud ».
J’ai très hâte de revoir ma famille et mes amis.
J’espère continuer à bloguer le jeudi comme d’habitude. Prochain épisode à Montréal donc. À bientôt, j’écrirai à la lumière du jour plus long (!) et dans la congestion routière! Oh, je m’ennuie un peu de lumières de circulation, des Tim Horton à tous les coins de rue, des coins de rues aussi, des cinémas, des boîtes de nuit… Ah, la musique électronique dans le tapis à 6 h! Ça va me faire changement du silence de la toundra et des quelques réveils en sursaut dus aux courses de skidoo dans le village en pleine nuit!
3 commentaires:
Hahaha! Excellent billet. zzzzzzz...
Mes commentaires sont toujours les mêmes alors que les sujets sont tellement variés. C'est très bien mené bien illustré je donne A+.
Tes épisodes, sur un petit village isolé, me rappellent l'hisoire qu'aimait raconter M. Bata. Deux promotteurs des ventes vont dans un village africain dans le cadre de leur travail, l'un écrit au bureau chef "Aucune possibilité de vente, tout le monde ici marche pieds nus". L'autre rapporte "possibilités illimitées personne n'a de souliers".
A+
Quelle belle idée pour les horloges!
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